Une muselière, pourquoi, comment ?
Instrument de torture, mal nécessaire ou outil éducatif, la muselière soulève les passions…
Beaucoup de choses sont dites à son sujet et elle met mal à l’aise nombre de maîtres.
Faisons le point sur la question…
Ce qu’elle est, ce qu’elle n’est pas.
Une muselière est un ustensile, généralement en plastique, en nylon ou en cuir, destinée essentiellement à empêcher un chien de mordre, ou, par extension, à mal utiliser ses dents.
Elle est utile, voire indispensable dans certaines circonstances mais il est de cas où son abus touche à la maltraitance envers l’animal, comme nous le verrons plus loin.
Elle doit toujours être utilisée pour résoudre un problème spécifique, jamais en désespoir de cause.
Il y a muselière et muselière
Penchons nous quelques instants sur cet outil et voyons les différents modèles existants.
Il y a d’abord la muselière en nylon souple qui enserre le museau et ferme la gueule du chien. Il s’agit d’un instrument de contention, souvent utilisé par les vétérinaires, pour empêcher, durant quelques minutes, que le chien ne morde. Le temps de faire une piqûre à un toutou récalcitrant ou de mettre hors d’état de blesser l’animal qui vient d’être victime d’un accident douloureux.
Ce type de muselière présente aussi un avantage qui l’a fait apprécier du grand public : elle empêche le chien d’aboyer trop bruyamment, la dérive consiste donc à museler le chien pendant l’absence des maîtres ou lorsqu’il est laissé seul… et ce parfois durant 8 à 10 heures… nous parlions de maltraitance…
D’un prix très bas, c’est hélas trop souvent le matériel choisi par le maître mal conseillé.
Autre muselière, celle en cuir, dite de travail. Cette fois, nous avons affaire à un outil très sophistiqué, parfois même fait sur mesure par un artisan, et qui est essentiellement destiné aux chiens de travail ou de police. Des lanières adaptables permettent de bien la fixer à la tête du chien. Avec cet outil, le chien est capable d’aboyer, de boire voire même de manger.
Une « sucette », c’est-à-dire un morceau de cuir dans lequel le chien mord lors d’une attaque, est aussi fixée à l’avant afin de l’encourager à bien effectuer ce travail. Le plus grave défaut de ce type de muselière est son poids qui se supporte aisément lorsqu’on la met à un berger ou à un bouvier mais qui devient un gros problème pour les chiens de gabarit plus léger… quant aux petits chiens, pas de problème, on n’en fait pas pour eux !
Cette muselière doit absolument être entretenue pour que le matériau, même s’il est huilé, ne se dessèche pas, risquant de se craqueler. Un traitement à l’aide d’un produit ad-hoc devra être prévu chaque année voir même plus souvent si le chien la mouille régulièrement.
Ce type de muselière est d’un prix assez élevé, puisque fait à la demande, mais des copies moins sophistiquées se trouvent à un prix abordable dans les animaleries.
Certaines muselières ressemblent un peu à un petit panier plastique ou métallique auquel s’attachent des sangles de fixation, ce type d’ustensile est respectueux du chien puisqu’ici aussi, le museau est moins enserré par les matériaux utilisés, son seul inconvénient est, dans certains cas, sa légèreté en effet un grand chien déterminé peut facilement l’enlever d’un coup de patte ou la déchirer et la rendre totalement inefficace. Par contre, pour les petits chiens qui utilisent mal leurs dents, elle sera d’un grand secours.
D’un prix tout à fait abordable, elle se trouve en animalerie.
Citons aussi la muselière de course, mise aux lévriers lorsqu’ils se mesurent en cynodrome. Ici, nous avons affaire à un outil léger, en plastique ou métal, destiné à éviter les morsures entre chiens durant une course. Cet outil n’est adapté qu’à cet effet et ne doit pas être utilisé dans un autre cadre car il n’est pas prévu pour un autre usage.
Dernière possibilité, la muselière éducative, en PVC, il s’agit d’un outil léger, efficace, solide, d’un entretien très facile et qui se fait sur mesure, il peut donc se trouver aussi bien pour Yorkshire que pour Dogue Allemand.
Muni d’une telle muselière, le chien peut aboyer, manger, boire, vomir, haleter… mais ne mordra personne !
Réalisée sur mesure, son prix est proche de celui d’une bonne muselière en cuir, mais son avantage est de pouvoir être rincée ou désinfectée en un clin d’oeil, de n’occasionner aucune gêne du fait de son poids. Nous verrons plus loin en quoi ce dernier outil est éducatif.
S’il est possible de trouver cette muselière dans certaines animaleries très bien fournies, elle peut aussi se commander dans quelques centres canins ou sur internet.
Pourquoi utiliser une muselière ?
Une muselière s’indique dans tous les cas où le chien utilise mal ses dents, soit parce qu’il mord chiens ou gens, qu’il « mordille » comme le disent les maîtres d’un chiot à la dent trop facile, soit parce qu’il s’en prend aux meubles, au matériel, à l’intérieur des maîtres.
L’emploi de la muselière dans les lieux publics permet de prévenir un accident par morsure ou une bagarre canine, dans la maison, il évite au maître de se fâcher sur son chien, protège le milieu de vie des maîtres et remet le calme dans une maison où tout le monde s’énervait du fait des déprédations canines.
En extérieur, la muselière empêche le chien de ramasser et d’avaler n’importe quelle saleté qui traine et qui pourrait le rendre malade.
L’usage de la muselière est une obligation morale dans le cas du chien qui risque de mordre chien ou personne, en effet même si vous avez souscrit une excellente assurance, il n’en reste pas moins que chaque propriétaire a le devoir de prendre toutes les précautions nécessaires pour éviter un accident. Et si vous êtes pris en défaut, le tribunal n’hésitera pas à vous en incomber la faute… par défaut de précaution.
En outre, le chien mordeur fait vite la une d’une certaine presse et, provoque, à terme, des lois anti-chiens ou des restrictions d’accès dans de plus en plus de lieux publics.
Enfin, et ceci me semble l’essentiel, un enfant ou un adulte mordu par un chien en gardera toute sa vie le souvenir, que ce soit dans sa chair ou dans son esprit, et ceci est moralement inacceptable.
Une muselière ? Quelle honte !
« Mettre une muselière à mon chien ? Jamais, je ne vendrais plus aucun chiot !! », Voici ce que m’a un jour déclaré une éleveuse dont le mâle venait de tenter de tuer un autre chien !
Ne pas prendre de précautions alors que l’on sait pertinemment le risque couru est une attitude que l’on ne trouve pas que chez des éleveurs… Combien de maîtres, sachant qu’ils tiennent en laisse un chien qu’ils contrôlent mal, ne se promènent-ils pas dans la foule en pensant « ça n’arrive qu’aux autres » et si, par malheur, l’accident arrive, la bouche en coeur, ils vous avouent « c’est la première fois qu’il fait çà ! »… Evidemment, si c’était la dixième fois, on en aurait entendu parler !
Le fond du problème est finalement très humain : comment accepter le regard de l’autre, ce regard qui juge – très souvent mal à propos d’ailleurs – et qui vous classe, vous et votre compagnon, dans la catégorie des mauvais, alors que vous n’êtes en somme qu’un bon citoyen conscient du danger et qui prend ses responsabilités ? Mais allez raconter çà à la mère de famille qui change de trottoir avec ses enfants, ou à ce passant qui soupire, assez haut pour que vous l’entendiez; « pauvre bête, quel harnachement »…
Chien muselé, chien méchant ?
Il est trop simple, rapide et réducteur de faire l’amalgame entre le port de la muselière et la dangerosité du chien !
Le maître qui utilise cet outil de son plein gré affiche au contraire un choix préventif et sécuritaire, prend ses responsabilités en adulte, ose accepter d’être méjugé et mérite notre respect…
Des risques pour la santé du chien…
La muselière de contention en nylon léger doit être utilisé pour une durée très courte et sous le contrôle effectif de celui qui l’a placé, en effet un chien équipé de cette façon peut parfois boire du bout des lèvres, mais est incapable de se nourrir et pire, s’il doit vomir, il en est totalement empêché, avec le risque, bien réel, d’étouffement qui en découle.
En outre, n’oublions pas que le chien transpire par ventilation pulmonaire, s’il fait chaud, pour éviter de voir monter sa température corporelle, l’animal doit pouvoir haleter gueule ouverte, muni d’une muselière de contention, il ne le peut pas, d’où risque accentué de coup de chaleur.
Et comme certaines races visées par le port obligatoire de la muselière ont le museau court, il s’agit d’être encore plus attentif à leur bien être et à leur santé durant la période estivale.
Ajoutons qu’une telle muselière, laissée durant des heures au chien, retient la bave qui coule naturellement de la commissure des lèvres, ces dernières macèrent donc longtemps dans un liquide bourré de microbes et à température idéale. Appliqué durant quelques jours, ce traitement fait vite apparaître des champignons à la commissure des lèvres ou une irritation tout le long du museau, avec les soins vétérinaires qui en découlent, bien évidemment !
Un merveilleux outil éducatif
La muselière, et j’entends bien entendu par là celle qui permet au chien de vivre sans restriction respiratoire ou autre, est aussi un excellent outil éducatif.
– le chien qui attaque un congénère.
Lorsqu’il s’en prend à un autre chien, l’animal muselé ne pense pas à cet outil qui lui coiffe le museau, il n’a qu’une idée en tête : mordre l’autre pour le mettre en fuite. Et en effet, si vous êtes tout près, vous entendrez distinctement le bruit de mâchoires. Mais il n’y aura pas d’effet et le premier surpris en sera le mordeur : « comment, je suis sûr de l’avoir mordu, et pourtant il ne fuit pas, il ne crie pas…que se passe-t-il ? Ai-je encore bien toutes mes dents ? Donc, quand je mord, je ne suis ni effrayant ni dangereux… » Et petit à petit, le chien apprend ainsi qu’il n’est pas le grand méchant loup pour lequel il se prenait.
Et comme le maître aura suivi un cours destiné à l’aider à contrôler son compagnon, il agira dans le même sens.
De la sorte, en unissant éducation et outil, il est possible d’apprendre au chien à écouter son maître plutôt que son envie d’en découdre.
– le chien qui détruit
Toutou s’ennuie et laisse traîner ses dents… contre le pied de la table en merisier style Louis Philippe, comme il en a pris l’habitude, il commence à laisser ressortir son ego de castor, mais, bizarre, pas de copeaux de bois… bon, ben, puisqu’il n’y a rien à faire, allons faire un petit somme dans mon panier…
Combien de temps ?
La première chose que demande le maître qui décide d’utiliser une muselière est « combien de temps mon chien devra t’il porter cet outil ? » Là, je donnerai une réponse de normand : cela dépend, du chien d’abord, des circonstances ensuite. Un chien qui mord depuis 6 mois n’oubliera pas de sitôt d’utiliser ses dents… c’est d’ailleurs pourquoi il ne faut jamais laisser traîner les choses, car la situation se complique et s’envenime chaque jour un peu plus.
Jamais seule
Quelque soit le problème qui impose de mettre une muselière au chien, il faut que le maître soit bien conscient d’une chose : ce n’est pas en utilisant cet outil seul et sans autre action qu’il va solutionner le problème en question, il ne fera que le déplacer.
Il importe donc de toujours faire correspondre l’utilisation de l’outil et une action éducative avec l’aide et sous le contrôle d’un moniteur expérimenté.
Dans ce cas, et lui seul, la situation évoluera vers un mieux général.
En guise de conclusion
Contrairement à ce qu’affirment certaines personnes mal informées et peu au fait de la psychologie canine, la muselière, bien choisie et judicieusement utilisée, ne rend absolument pas le chien méchant, au contraire elle lui apprend à se contrôler… le tout est, comme en toutes choses, de bien l’utiliser.
La muselière et la loi
En Belgique, le port de la muselière n’est pas imposé au niveau national, cependant, certaines communes l’imposent pour différentes races canines.
Il est donc indispensable de vous informer de la réglementation de l’endroit où vous résidez.
A l’étranger, des lois existent à ce niveau, prenez donc vos précautions avant de partir pour que vous ne soyez pas pris en défaut soit lors de votre voyage, soit sur le lieu de vos vacances.